Ce matin, nous prenons le HST, c’est-à-dire le TGV taïwanais, pour aller à Kaohsiung. C’est tout au sud de Taiwan, à environ 400 kilomètres de Taipei. En fait, nous avons hésité entre le TGV et l’express, mais le premier fait le trajet en deux heures contre sept heures pour l’autre.
Très vite, nous nous rendons compte que c’était une bonne idée : le paysage est inintéressant au possible, et le train normal met jusqu’à sept heures pour rallier Kaohsiung. Les villes et les zones industrielles ont envahi les rizières. Le train fait une ou deux pointes à 300 km/h, mais on ne se rend pas vraiment compte de la vitesse.
Juste au moment de monter dans le train, je me suis rendu compte que j’avais oublié de remettre la carte mémoire dans mon appareil photo. Lorsque nous débarquons à Kaoshiung, on nous indique un supermarché juste à côté de la gare. Nous sursautons en entrant : six jeunes femmes en uniforme aux couleurs du supermarché nous adressent un « ni hao » tonitruant suivi d’une phrase signifiant sans doute que nous sommes bienvenus dans l’établissement. Heureusement que nous ne sommes pas cardiaques !
Au rayon électronique grand public, on n’a pas ce format de carte. Il faut aller dans le centre-ville, dans telle et telle rue. C’est l’occasion de découvrir le métro de Kaohsiung, mais surtout que notre carte de transport ne marche pas ici. Nous trouvons finalement le magasin à l’endroit indiqué. Me voilà rassuré. De retour dans le métro, nous nous faisons alpaguer par un groupe de collégiennes. Elles nous expliquent qu’elles font un sondage pour leur école. Est-ce que nous avons une minute à leur accorder ? En Asie, c’est assez souvent qu’on a droit à ce genre de chose. Ça nous est arrivé il y a deux ans à Phitsanulok et, deux semaines plus tard, je répondrai encore à un de ces questionnaires devant le collège voisin de notre hôtel à Chiang Mai. Pour l’heure, nous avons droit aux questions habituelles sur ce qui nous a amenés à Taiwan, si c’est la première fois que nous venons, si ça nous plaît, notre endroit préféré, notre plat préféré… En remerciement, nous nous voyons offrir chacun une petite enveloppe avec un porte-clefs représentant Taïwan. A la fin, chacune s’empresse de sortir son smartphone pour l’incontournable séquence photos. Ah, la vie de star !
Selon le Lonely Planet, c’est surtout le Lac aux lotus qu’il faut voir ici. C’est tout près de la gare et on peut en faire le tour en une heure de marche si on est pressé. Nous arrivons au lac par l’extrémité nord. C’est la déception : les abords ne sont pas entretenus et plutôt sales. Quant au temple de Confucius, il est fermé et, de toute manière, d’aspect plutôt négligé. Bon, continuons. Au moins, il fait très chaud, ce qui change agréablement de Taipei.
Heureusement, les choses s’arrangent quelques centaines de mètres plus loin. Sur le bord du lac se dresse une immense statue de l’Empereur des cieux obscurs, reliée à la rive par un pont. Nous commençons par jeter un coup d’œil au temple qui se trouve en face, de l’autre côté de la rue. C’est plus ou moins en travaux, mais un jeune type qui parle couramment anglais nous fait signe d’entrer. Il nous montre l’escalier qui se trouve dans un angle de la salle et nous invite à aller jeter un coup d’œil à l’étage. En effet, de là-haut, nous avons une vue imprenable sur la statue géante et les abords du lac.
En ressortant, nous décidons d’aller voir l’Empereur de plus près. A l’entrée du pont, deux hommes s’affairent à attacher des rubans rouges et or aux statues pour le Nouvel An. Bizarrement, sur le côté, un type se tient tout seul sur une scène face à un téléviseur, un micro à la main, et se fait son petit karaoké perso. Il chante archifaux. Je plains les deux types qui s’occupent de la déco.
Nous passons l’après-midi à visiter plusieurs temples plus beaux les uns que les autres, et la lumière est parfaite pour les photos. Notre déception initiale est oubliée.
Face à l’un de ces temples, c’est un peu Disneyland. Pour y accéder au pont conduisant à la pagode dressée à une cinquantaine de mètres du rivage, on entre dans la gueule d’un dragon pour monter et descendre une série d’escaliers avant de ressortir par la queue.
Plus loin, au bout du lac se dressent les pagodes du tigre et du dragon. Là encore, on entre par la gueule du dragon pour ressortir par celle du tigre. Kitch et rigolo. On est loin de l’austérité de nos cathédrales !
Nous retournons à la gare en suivant le lac par l’autre rive. Nous regardons un moment un type faire du ski nautique accroché à un câble tendu au-dessus du lac avant de poursuivre notre chemin. Plus loin, nous découvrons encore un temple. Craignant l’overdose, nous hésitons un instant. Allez, un p’tit dernier pour la route. Et il aurait été vraiment dommage de passer à côté. Tout l’intérieur est en bois sculpté brut et c’est splendide.
Le jour décline lorsque nous arrivons à la gare et nous avons le dos en compote à force de piétiner. Heureusement, il y a des TGV toutes les demi-heures.
En arrivant à Taipei, je photographie une brigade de balayeurs quasiment au garde-à-vous attendant l’arrivée du prochain train sur le quai d’en face.