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Aquiceara - Le blog

Photos, vidéos et récits de voyages et d'ailleurs et d'autres choses....

Mai 2018 – Une semaine au Caire - Lundi 14

Troisième jour. Que faire ? Le musée égyptien ? C’est vu. Les pyramides ? Non, pas aujourd’hui. Allez, on fait un tour dans le centre, mais pas n’importe où : au parc El Azhar. Ce grand parc est perché sur une colline qui domine la vieille ville, entre la citadelle, quelques mosquées et le marché de Khan El-Khalili.

À la réception, on tombe sur le jeune Allemand qui occupe la chambre au bout de notre couloir. C’est un étudiant en égyptologie venu quelques jours pour préparer son mémoire de maîtrise. Ce matin, il se rend au musée égyptien. Comme nous passons justement devant pour aller au parc, on décide de faire taxi commun.

Ce type est une caricature d’Allemand. Il me fait penser aux musiciens du groupe Kraftwerk en concert dans les années 70 (oui, j’ai vécu ça…). Les cheveux parfaitement tirés en arrière, rasé de très près, chemise à rayures boutonnée aux poignets, pantalon noir au pli irréprochable, chaussures cirées… Il compte vraiment s’aventurer comme ça dans les rues du Caire ? Au bout de trois minutes, il sera couleur Tempête du désert !

Le lendemain, Marielle me fait remarquer qu’il cache bien son jeu : une de ses manches était un peu remontée et elle a aperçu l’esquisse d’un tatouage qui, visiblement, courait jusqu’à l’épaule. Question : un sphinx ou une divinité égyptienne ?

Le trajet jusqu’au centre prend une bonne heure. Ça s’est énormément construit entre Gizeh et le centre. C’est aussi beaucoup plus moderne. Ce qui n’a pas changé, par contre, c’est la saleté. Enfin si : c’est pire. Il ne semble pas y avoir de service de voirie. Les rues sont une véritable décharge à ciel ouvert.

À l’approche du Nil, c’est de plus en plus encombré. On avance à trois à l’heure, le soleil est au zénith et il doit faire quarante à l’ombre. Enfin on arrive quand même au musée et on dépose notre colis.

Le chauffeur ne connaît pas très bien la route jusqu’au parc, et il doit être le seul Uber du Caire à ne pas avoir de GPS. Peu importe, il finit par nous déposer à l’entrée est. C’est le milieu de la journée, il fait extrêmement chaud, mais ici on a la sensation de respirer enfin. Le parc est très beau, très propre et bien entretenu. Surtout, c’est très vert. Inimaginable ! Des belvédères aménagés à deux ou trois endroits, on découvre la citadelle, des mosquées et la vieille ville. Pas de belle architecture, mais uniquement des constructions de deux ou trois étages aux toits plats servant souvent de dépotoir – ou de basse-cour. Une grande ville moyen-orientale, quoi. Ah oui, un truc marrant : les antennes-relais sont camouflées en palmiers. Bien vu !

À quelques dizaines de mètres de l’entrée on découvre un grand bâtiment de style oriental, avec un patio et une fontaine au milieu, qui débouche sur de très beaux jardins en contrebas, irrigués par un petit chenal allant jusqu’à l’autre extrémité du parc. Sur la gauche, une terrasse avec des parasols attend les touristes venus pour déjeuner. Cela nous paraît tout bonnement incroyable d’être dans un endroit pareil, en plein cœur d’une ville aussi grouillante et polluée. C’est presque silencieux. De fait, on entend surtout des oiseaux. Sur la terrasse, des enceintes diffusent des airs égyptiens connus. Ambiance orientale on ne peut plus orientale. La cuisine est simple mais bonne, et au même prix qu’ailleurs, soit 5-6 €. Pourquoi se priver ?

En sortant du restau, on poursuit notre balade jusqu’au bout de la colline. À un moment, un jeune couple vient vers nous et le gars me demande s’il peut me prendre en photo avec sa copine. Là, je suis plus que scotché. Ensuite, c’est elle qui insiste pour qu’on fasse une photo avec son copain, puis tous les deux… Eh bien, ça se lâche chez les barbus ! Bon, il faut dire que le parc est fréquenté par la bourgeoisie du coin, et les mœurs sont forcément plus libres.

Après avoir traîné un bon moment, on décide de redescendre jusqu’au marché de Khan El-Khalili, à quelques centaines de mètres en contrebas. Là, ce n’est plus du tout la même ambiance. La fin de l’après-midi approche et les rues sont de plus en plus encombrées. Un peu plus bas, on se rend compte qu’on ne peut pas traverser l’avenue ici. Comme on est le nez en l’air, un type rondouillard d’une quarantaine d’années nous branche. Où est-ce qu’on veut aller ? Ah, mais non, c’est de ce côté-ci que c’est intéressant, pas de l’autre. Ben voyons.

Il nous entraîne dans une ou deux ruelles voisines de la madrassa, qui ne manquent d’ailleurs pas de charme, nous montre une vieille maison bourgeoise où aurait séjourné Napoléon lors de la campagne d’Égypte… On visite l’atelier d’un ou deux artisans, l’un qui fait des boîtes en nacre et l’autre des lampes en bronze. Du beau boulot d’ailleurs. Et d’insister sur le fait que ces mêmes pièces coûteraient cent fois plus dans les grands hôtels du centre, et ne seraient même pas authentiques…

On arrive finalement à se débarrasser de lui et on traverse Khan El-Khalili par l’artère la plus encombrée en cette fin d’après-midi. On se prend les pieds dans des sacs en plastique, on se fait bousculer par des portefaix, klaxonner par des scooters… Enfin, on arrive dans une grande avenue qui conduit à la station de métro la plus proche. Six heures du soir. Un capharnaüm incroyable. Entre les étals, les piétons, les tables où des familles sont installées pour manger, les voitures n’avancent plus du tout. Je crois que mon idée de prendre le métro pour aller de l’autre côté du Nil en direction de Gizeh n’a décidément rien de farfelu.

Eh bien le métro du Caire à six heures du soir et les Halles, c’est kif-kif. Apparemment, pour les billets, ça marche par zones. Le nôtre nous coûte une misère… et ça fait tout drôle de se retrouver avec des billets jaunes au dos desquels court une piste magnétique marron. Par contre, c’est l’heure de pointe et on se retrouve tassés comme des harengs dans des boîtes de sardines. Tout contre nous, un jeune très sympa nous branche, en français. Apparemment, il a appris tout seul sur Internet. On est épaté de l’excellence de sa prononciation et la richesse de son vocabulaire. Étant moi-même traducteur, je ne peux qu’apprécier. Rétrospectivement, on se souvient qu’en Égypte ce n’est pas la première fois qu’on tombe sur des gens ayant appris notre langue par la télé ou, entre-temps, Internet.

On descend à l’université. La station est plutôt mal foutue et on se demande un peu où est tombé. D’un côté, une rue avec des calèches et de vieux taxis pourris, de l’autre une quatre-voies. Va pour la quatre-voies. Trouver un taxi à cette heure, surtout un qui ne nous arnaque pas, ça n’est pas gagné. Par chance, une jeune fille qui attend son bus a repéré notre désarroi et explique à un chauffeur de taxe où nous allons et combien nous sommes disposés à payer. 120 livres, c’est le prix. D’ailleurs, le type est très correct et ne cherchera pas à nous arnaquer à l’arrivée.

De retour à l’hôtel, on décide d’aller dîner avec le couple de jeunes Français. On a jeté notre dévolu sur le Felfela, apparemment bien côté sur TripAdvisor, comme le Pyramids dont j’ai parlé précédemment. Il est à deux pas de l’hôtel Méridien. Comme on a le temps, on décide d’y aller à pied. Ce n’est qu’à un kilomètre de notre hôtel. Pas la mer à boire. Seulement on se trompe à un carrefour et on se retrouve finalement à prendre un de ces minibus Volkswagen antédiluviens complètement cabossés qu’on voit un peu partout. La course est d’un prix dérisoire, quelque chose comme dix centimes par personne. Dommage qu’on ne parle pas arabe, ce serait un bon moyen de se déplacer. Plus exotique et authentique que les taxis. Et vu les conditions de circulation, ça ne changerait pas grand-chose.

Le Felfela est un établissement assez joli et agréable, pas très bruyant bien qu’à côté d’une route passante qui longe le site des pyramides. Perso, je n’ai pas très faim et je commande une ratatouille. J’ai été bien inspiré, Marielle, Jonathan et Audrey ont commandé un tajine – un grand pour Audrey qui déclare avoir une faim de loup. Les serveurs sont dubitatifs au moment d’apporter les plats. Audrey est toute menue et c’est elle qui a le plus grand tajine. Petite parenthèse : ici, n’importe quel plat chaud semble s’appeler un tajine. Ainsi, au restau en face du sphinx, je me suis régalé d’un « tajine moussaka », qui était en fait simplement de la moussaka. Ma ratatouille est parfaite, en quantité et en qualité, mais les trois autres se voient servir un plat avec du riz blanc sur une épaisseur de cinq bons centimètres et, tout au fond, quelques petits os de poulet avec de maigres restes de chair accrochés après…

Les bonnes notes décernées sur TripAdvisor nous paraissent suspectes. Y a-t-il magouille ou a-t-on simplement affaire à des touristes mal dégrossis descendus au Méridien tout proche et venus s’encanailler au Felfela ?

Une antenne-relais bien locale

Kahn El-Khalili

Kahn El-Khalili - Maison occupée par Napoléon pendant la campagne d'Egypte, paraît-il

 

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