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Aquiceara - Le blog

Photos, vidéos et récits de voyages et d'ailleurs et d'autres choses....

Conduire au Brésil

Sur la route 85Dans les années 80, nous avons vécu deux ans à Fortaleza, dans le Nordeste brésilien. Nous y retournons régulièrement depuis 1997. Cette année-là, l'ami qui nous hébergeait nous avais également laissé les clefs de son buggy.

 

Très sympa de sa part, mais je n'en menais pas large quand j'ai pris le volant. Finalement, quinze jours après, j'étais aussi à l'aise là-bas qu'en France. C'est ce qui nous a décidé à louer une voiture à chaque fois que nous retournons au Brrésil.

 

On trouve d'excellentes cartes routières, remises à jour tous les ans, dans le guide Quatro Rodas en vente dans les kiosques. Détail amusant : elles indiquent même les routes présentant un risque de braquage (risco de assalto en portugais).

 

Après avoir sillonné le Ceará en tous sens et parcouru le Nordeste de Natal à São Luis do Maranhão sur des routes fédérales, "estaduais" (d'état) et même sur des pistes, je me suis dit qu'un petit article à ce sujet pourrait en intéresser d'autres.

 

Pour commencer, je précise que nous louons uniquement des voitures de tourisme d'entrée de gamme. Les tarifs sont en effet assez élevés dans le Nordeste. A titre indicatif, il faut compter € 35-40 hors saison (et plus en haute saison) par jour pour une voiture de type Opel (Chevrolet) Corsa ou Volkswagen Gol (une Golf au rabais, en quelque sorte). Pas de vitres électriques, pas de condamnation centrale des portes ni d'ABS... En Asie on a beaucoup mieux pour moins cher.

 

Louer un 4x4 est beaucoup plus onéreux, environ € 100 par jour. C'est cependant un bon choix pour ceux qui viennent à plusieurs et peuvent partager les frais. C'est même recommandé sur certains itinéraires, notamment sur les pistes.

 

Quant au buggy, si c'est sympa pour une journée à la plage, il ne faut pas compter faire plus. C'est bruyant, gourmand en carburant, ça ne tient guère la route et c'est ouvert, donc idéal pour se faire braquer.

 

Enfin, pour un périple, il vaut mieux prendre l'option kilométrage illimité. Les 150 km/jour proposés en standard sont très insuffisants dans un pays comme le Brésil. Au cours des deux derniers séjours, nous avons parcouru plus de 3000 km en une dizaine ou une douzane de jours, et encore, sans rouler tous les jours.

 

L'option 150 km/jour convient si vous circulez uniquement en ville ou dans les environs immédiats. Cependant, ici, "immédiat" peut vouloir dire une centaine de kilomètres. L'essence est généralement meilleur marché qu'en Europe, mais pas beaucoup. Il est préférable de la prendre dans les stations "de marque" (Petrobras, Shell, BP...). Il existe en effet des stations "sans marque" où elle est quelques centavos moins chère, mais où le taux d'essence pure est moindre... Beaucoup de voitures ont un moteur "flex" alcool/essence. Pas très intéressant. Personnellement, je préfère rouler à l'essence. D'une part, le rendement énergétique est bien meilleur, l'économie que représente l'alcool étant dérisoire ; d'autre part, je suis contre les "nécrocarburants" car les terres cultivées en canne à sucre pour la production de carburant sont indisponibles pour des cultures alimentaires. De plus, les travailleurs des plantations vivent dans une situation de quasi-esclavage.

 

Pour en revenir à la conduite, Fortaleza ne pose guère de problèmes de circulation. Il y a beaucoup de sens uniques, mais la configuration de la ville fait qu'on s'y oriente facilement. La signalisation est acceptable, du moins sur les grandes avenues. Les noms de rue sont bien indiqués.

 

Se garer est plus ou moins facile selon les heures et les quartiers. A Beira Mar, par exemple, des gardiens informels vous font signe pour indiquer les places libres. Quand vous descendez de voiture, il se peut qu'ils proposent de la laver. A vous de voir. Quand vous reprenez la voiture, vous leur donnez une cinquantaine de centavos, tarif généralement pratiqué. Un ou deux reais si on vous a lavé la voiture.

 

L'état des rues est variable selon les quartiers, le niveau de corruption de la municipalité et la saison. Attention aux nids de poule en saison des pluies et aux plaques d'égout volées !

 

Le week-end, c'est souvent le rodéo : des conducteurs alcoolisés font la course et, dans ce cas, il est préférable de se ranger sagement sur le côté...

 

Il y a relativement peu de deux-roues dans les beaux quartiers, mais ailleurs la vigilance est de mise.

 

Les radars sont signalés 200-400 mètres avant, par un panneau et une inscription sur la chaussée. De même, si vous grillez un feu rouge, vous risquez de vous faire flasher, sauf à partir de dix heures du soir. Passé cette heure, ne vous arrêtez pas : contentez-vous de regarder à gauche et à droite puis passez. Si vous vous arrêtez, vous risquez de vous faire braquer (là encore, le risque est variable selon les quartiers et les heures). Ces indications sont d'ailleurs valables pour la plupart des autres villes.

 

Dans ce qu'on appelle ici l' "interior", c'est-à-dire en dehors des villes, c'est un peu le Far West. D'une part, la signalisation routière est quasiment inexistante. D'autre part, l'état des routes est très variable.

 

Sur les grands axes, tels que les routes fédérales (appelées BR suivi d'un numéro, par exemple, BR116), ce n'est généralement pas la gloire, surtout en saison des pluies. Un tronçon tel que la trentaine de kilomètres séparant Umirim d'Itapagé, par exemple, est un véritable scandale. En plus de dix ans, je ne l'ai pas vu réparé une seule fois. La première fois, en 1998, il était déjà complètement pourri. On ne peut guère dépasser les trente kilomètres à l'heure si on ne veut pas crever un pneu. (Ça nous est arrivé à la tombée de la nuit au milieu de nulle part et nous étions drôlement contents que des routiers nous prêtent main forte : le cric s'enfonçait dans le sol détrempé et il fallait être à deux pour soulever la voiture pendant que le troisième mettait la roue de secours en place.)

 

Sur les routes fédérales, la circulation est également plus dense. Ce sont principalement des camions.

 

Les routes "estaduais", c'est-à-dire gérées par les Etats (appelées CE au Ceará, PI au Piauí, etc., suivi d'un numéro, par exemple CE040) sont plutôt meilleures, voire excellentes. Cependant, là encore, ce n'est pas garanti. On peut faire cinquante kilomètres le pied au plancher sans problème puis, au détour d'un virage, se retrouver sur un tronçon avec des nids de poule tous les mètres ! Je n'exagère pas, ça m'est arrivé en décembre 2007 du côté de Tauá.

 

Les pistes : si vous regardez une carte du Nordeste, vous constaterez qu'il y en a beaucoup. Certaines localités ne sont reliées par aucune route asphaltée. En saison sèche, passe encore, mais en saison des pluies... En 2006, nous avons ainsi dû nous cogner une centaine de kilomètres de piste, traversée d'une petite rivière à gué comprise, pour nous rendre à Cococí. Inutile de dire qu'en saison des pluies, cela n'aurait été envisageable qu'avec un 4x4, et encore, avec un chauffeur connaissant bien le coin.

 

La signalisation ? Encore un truc d'Européen, ça !

 

Sur les routes fédérales et quelques routes estaduais, la signalisation est à peu près correcte. Les virages dangereux, notamment, son bien signalés. En revanche, dans les agglomérations, elle est pour ainsi dire inexistante. Ou alors vous voyez un panneau indiquant la direction que vous recherchez puis, au bout de quelques dizaines de kilomètres, vous vous rendez compte que vous auriez dû tourner quelque part bien avant. Pour trouver le nom de la ville qu'on traverse, il faut regarder sur les panneaux publicitaires ou les bâtiments administratifs... Le mieux est évidemment de demander à un passant. De toute façon, on est constamment obligé de demander son chemin. Comme la plupart des gens n'ont pas de voiture et ne vont quasiment jamais nulle part, leurs indications sont souvent floues. Il vaut donc mieux demander à plusieurs personnes et recouper les informations. Le mieux est de demander dans une station-service.

 

A l'entrée des agglomérations, il y a souvent des bandes rugueuses. Elles sont généralement signalées par un panneau évoquant les créneaux d'un château-fort. Quelques dizaines de mètres plus loin, vous trouvez une lombada, c'est-à-dire un ralentisseur. Lui aussi est généralement signalé par un panneau, mais attention : le panneau ne se trouve pas quelques mètres avant, mais immédiatement à hauteur du ralentisseur. Et ces ralentisseurs sont parfois très hauts. Pire : il y en a souvent tous les cinquante mètres, voire plus et à des emplacements dont la logique nous dépasse un peu. D'ailleurs, dans la plupart des villages, le revêtement est souvent constitué de pavés plus ou moins disjoints interdisant de rouler à plus de 15 km/h !

 

Ces ralentisseurs ont été interdits vers le milieu des années 90. Quelques-uns ont été retirés, mais bien souvent le remède a été pire que le mal : on s'est contenté d'arracher le goudron ou le ciment et, à la place, on se retrouve avec une tranchée ! Personnellement, je trouve ces machins vraiment dangereux et totalement inutiles. Dans le sertão, les gros 4x4 se fichent pas mal des ralentisseurs. Ils passent dessus à fond et tant pis si un gosse d'une famille pauvre traverse à ce moment-là.

 

Ma pire expérience de ces ralentisseurs a été en rase campagne. Nous étions sur une route parallèle au tronçon Umirim-Itapagé. Le revêtement était comme neuf, personne ne passant jamais par là. Je roulais à 120-130 km/h pour éviter de me faire prendre par la nuit et, surtout, par un orage qui menaçait. En haut d'une côte j'ai dû piler d'un seul coup à cause d'un ralentisseur qui n'était pas signalé. J'ai laissé pas mal de gomme sur la chaussée et je suis passé dessus à 90. Quel imbécile a eu l'idée de placer un ralentisseur à cet endroit ? L'agglomération la plus proche est à une bonne quinzaine de kilomètres et il n'y a absolument aucune habitation ni aucun chemin à proximité !

 

Les distances sont aussi un élément à prendre en compte. C'est l'Amérique. Des amis brésiliens m'ont raconté avoir dû faire 300 kilomètres pour retrouver leur route. Toujours la signalisation... Heureusement, ils venaient de refaire le plein d'essence. En effet, les stations-service sont parfois assez éloignées les unes des autres. Alors si la jauge a baissé un peu et que vous n'êtes pas sûr à 100 % d'avoir suffisamment de carburant pour parvenir à destination, il est vivement conseillé de refaire le plein à la première station que vous trouvez. Si vous tombez en panne sèche et que vous n'avez pas de jerrycan, rassurez-vous : à la station on vous servira l'essence dans un... sac en plastique. D’ailleurs, il nous est arrivé de traverser à pied tout le quartier de Pirambu à Fortaleza, soit près de 4 km, avec un arrosoir plein d’essence en plein midi. Nous étions tombés en panne sèche avec le buggy et nous n’avions évidemment pas de jerrycan…

Toujours au chapitre des réjouissances routières sertanejas, il y a les vaches ou les ânes, voire des gens à vélo qui sortent de nulle part et traversent brusquement la route.

Les camions sont souvent surchargés et poussifs. Si vous vous trouvez derrière l’un d’eux et que vous hésitez à le dépasser, faites-lui confiance : il applique la règle internationale consistant à mettre son clignotant comme pour déboîter pour vous avertir qu’il ne faut pas le doubler. Dès qu’il constate que vous pouvez enfin le doubler, il met son clignotant à droite, comme pour se ranger. Là, vous pouvez y aller.

Enfin, la conduite de nuit est à éviter. Le Nordeste étant sous l’équateur, la nuit tombe très vite. Donc, tâchez d’arriver à destination à dix-sept heures au plus tard. Si vous êtes néanmoins contraint de rouler de nuit, soyez très vigilant. De nuit, on ne voit pas toujours les nids de poule ni les ralentisseurs. En agglomération, les rues sont mal éclairées et on est toujours à la merci d’un poivrot qui traverse d’un seul coup, d’un cycliste distrait, d’un gamin qui traverse sans regarder, d’un chien ou d’un âne qui trouve l’autre côté de la route plus intéressant…

Voilà, je suppose que tout ça donne l’impression qu’on risque sa peau tous les cinquante mètres. N’exagérons rien. Tous les cent mètres, c’est plus près de la vérité.

Plus sérieusement, le Brésil en voiture, c’est quand même mieux qu’en car ou en avion. Pour commencer, on est indépendant. On n’est pas confiné dans les villes ni sur les plages que vendent les agences de voyages locales (à croire qu’il n’y a que les plages qui soient intéressantes). Rouler des heures en plein sertão, les vitres grandes ouvertes alors qu’il fait 45° à l’extérieur (et délicieusement frais – 42° – dans la voiture), ça permet de s’immerger dans l’immensité de ce pays extraordinaire. Vous traversez d’immenses forêts de carnaúbas et des villages paumés, vous voyez des gamins jeter des pelletées de terre dans les nids de poule en demandant une piécette aux routiers de passage, vous dégustez une galette de tapioca pour le petit-déjeuner dans le « Routier » d’une station-service, vous papotez un moment avec des femmes qui font la lessive dans une lagune, vous dégustez une galinha caipira dans un autre routier de station-service, vous apercevez un petit vieux se balançant dans son hamac à l’heure chaude, vous suivez un « pau de arara » (un pickup avec une quinzaine de personnes à l’arrière), tout ça en écoutant du forró à la radio…

Pour vous donner une idée de tout ça, deux petites vidéos :

1000 kilomètres dans le sertão :

www.aquiceara.com/Pages_FR/FR/Video/Icapui_Cococi.html

Du Ceará au Maranhão :

www.aquiceara.com/Pages_FR/FR/Video/CearaMaranhao.html

 

 

 

 

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