Un an de cigarette électronique...

8 Mars 2014

Comme beaucoup de gens de ma génération, j'ai commencé à fumer à l'adolescence. Accro très vite, à vingt ans je fumais mes trois paquets de Gauloises bleues sans filtre par jour. Au fil des années, j'ai réduit un peu la voilure, mais même à la fin 40 g de tabac à rouler duraient à peine deux jours.

Pendant toutes ces années, j'ai tout essayé pour arrêter : la volonté (sic), les saloperies chimiques du genre Zyban avec dépression et envie de suicide à la clef, l'acupuncture, le régime des trois jours (ou cinq ?), l'homéopathie, les patchs, l'hypnose, les premières cigarettes électroniques... Rien n'y faisait.

Finalement, j'ai trouvé des comprimés à la nicotine qui me convenaient. Une fois que j'ai eu épuisé le moindre fond de paquet de cigarettes ou de tabac oublié dans un fond de tiroir, je ne suis pas retourné au bureau de tabac. Je suçais ces pastilles à longueur de journée, mais cela m'a au moins permis de décrocher vraiment. En deux ou trois semaines, c'était plié. Plus une clope !

Le hic, c'est qu'au bout de trois ans de comprimés je saturais. Aromatisés à la menthe et dosés à 2 mg, ils représentaient un bon équilibre, mais le geste me manquait. Surtout lors des soirées entre amis. Ceux qui fumaient encore sortaient s'en griller une pendant que je tendais la main vers ma plaquette de substituts à la menthe...

De passage chez des amis l'année dernière, L. me dit qu'il envisage de passer à la clope électronique. Il a déjà bien creusé la question en faisant le tour des sites Internet spécialisés et me donne quelques conseils élémentaires. Le lendemain, c'est décidé : je passe commande sur Internet.

Le kit complet m'est livré deux ou trois jours plus tard. Un chargeur USB avec adaptateur secteur, deux batteries de 650 mA et un atomiseur. Plus quelques échantillons de liquide. Par rapport aux cigarettes électroniques essayées il y a quelques années, de gros progrès ont été accomplis. En fait, toujours sur les conseils de cet ami, je commande un autre type d'atomiseur (le réservoir qui contient le liquide) quelques jours plus tard. Là, c'est mieux.

Au cours de l'année écoulée, j'ai essayé divers liquides, avec et sans polypropylène glycol, avec divers arômes et divers dosages nicotiniques. Un dosage de 1,2 % de nicotine est considéré comme correspondant à une cigarette blonde comme la Marlboro rouge. Ça me semble assez juste. Pour ce qui est de la sensation de « satisfaction », on est proche de la cigarette.

Voici aujourd'hui un an, quasiment jour pour jour, que j'ai sauté le pas. Comme je ne fumais plus depuis février 2010, le tabac à proprement parler ne me manquait pas tant que j'avais ma dose de nicotine. Avec la cigarette électronique, j'ai en quelque sorte le beurre et l'argent du beurre. Le plaisir de « fumer » - en l'occurrence, on dit « vapoter » -, mais sans m'encrasser les poumons.

Le porte-monnaie aussi est content : l'équivalent de deux paquets par jour renvient à moins d'un euro. Si je devais acheter des cigarettes toutes faites au prix d'aujourd'hui, il faudrait multiplier ce chiffre par quinze...

Autre avantage : plus besoin de sortir de la maison pour fumer. La vapeur, car c'est de la vapeur et non de la fumée, a un arôme discret et agréable. De plus, elle se dissipe en quelques instants. Pas de nuage de fumée dans la pièce. Et les fumeurs invétérés peuvent vapoter au lit ! Ils ne risquent plus de mettre le feu. Ou encore vapoter là où fumer est interdit. Il est en effet bien facile de se donner l'air de quelqu'un qui mordille son stylo pour vapoter discrétos dans une salle d'attente. La vapeur est plus facile à dissimuler que la fumée. À ce sujet, l'interdiction de vapoter dans les lieux publics me semble bien absurde. Cela donnerait envie aux plus jeunes de s'y mettre ? Mais dans ces conditions, pourquoi ne pas interdire la vente d'alcool aux terrasses des cafés ?

On me demande souvent si, avec la cigarette électronique il est plus facile d'arrêter le tabac. Je n'en sais rien, puisque je ne suis pas passé directement de l'un à l'autre. Et puis il faut être franc : je n'ai nullement l'intention d'arrêter. Je veux simplement continuer à cloper tranquillement sans les inconvénients, pécuniaires et sanitaires, du tabac.

Cela dit, le fumeur désireux d'arrêter doit pouvoir le faire en douceur avec la clope électronique. Il est facile de diminuer le dosage de nicotine en mélangeant différents liquides. On continue à vapoter autant qu'on en a envie tout en se désintoxicant. Je suppose qu'à la fin, on y pense de moins en moins et qu'on arrête effectivement.

Le liquide est habituellement composé de glycérine végétale, de polypropylène glycol, d'arômes naturel, d'eau et d'un pourcentage infime de nicotine. Certains liquides sont exempts de prolypropylène. Pour avoir essayé les deux, je préfère sans, mais c'est surtout affaire de goût.

« A-la-télé-y-z'ont-dit-qu'on-ne-sait-pas-quel-effet-ça-peut-avoir-sur-la-santé » : on peut en dire autant de tellement de choses à notre époque...

Quelques pistes : le tabac, qui contient plusieurs milliers de substances chimiques dangereuses ; les médicaments ; l'alcool ; la malbouffe ; les gaz d'échappement pour ceux qui vivent en ville ; les pesticides et les engrais pour ceux qui vivent à la campagne ; les ondes WiFi et des antennes téléphoniques, les centrales nucléaires, les... les... les...